Cours d’eau dégradés

La santé d’un bassin versant, la qualité et la quantité de l’eau, ainsi que la biodiversité sont intimement liés au bon fonctionnement d’un cours d’eau. Lorsque le fonctionnement naturel d’un cours d’eau est altéré, l’équilibre de son bassin versant est mis en péril sur le long terme.

Pour permettre ou faciliter certains usages, les milieux aquatiques ont souvent été aménagés : on parle de dégradation ou d’artificialisation. Aujourd’hui, 100 % du bassin versant de la rivière Chaudière est concerné par cette dégradation, et le nombre de cours d’eau totalement exempts de toute altération est limité.

Cette problématique, qui touche l’ensemble du territoire, est considérée parmi les 5 problématiques prioritaires inscrites dans le Plan directeur de l’eau. Sur cette page, vous trouverez les informations utiles pour comprendre la problématique et ses effets sur la qualité de l’environnement.

Qu’est-ce que la dégradation hydromorphologique d’un cours d’eau?

L’hydromorphologie d’un cours d’eau correspond à son fonctionnement naturel. C’est une science qui prend en considération le mouvement de l’eau, le mouvement des sédiments et la science des sols. (Source: Inondations sur la rivière Chaudière, document d’accompagnement « Définitions et concepts », 2022)

La dégradation d’un cours d’eau correspond à des interventions variées et pouvant être combinées, telles que :

  • la rectification de son tracé (linéarisation)
  • la modification de la taille et de la forme de son lit
  • l’artificialisation de ses berges par l’enrochement, l’endiguement ou encore la construction d’ouvrages de traverse (barrages, ponts, etc.)
  • l’assèchement d’une zone humide (drainage)

Ces interventions altèrent la façon dont l’eau et les sédiments sont transportés dans un cours d’eau. Le fonctionnement naturel du cours d’eau est alors perturbé et il n’est pas rare d’observer de l’envasement ou l’apparition de dépôts importants de sédiments, l’apparition ou l’aggravation de problèmes d’érosion et de glissements de terrains, ou encore l’appauvrissement de la qualité des habitats aquatiques.

Ci-bas, on compare un cours d’eau non aménagé avec des exemples d’altérations hydromorphologiques.

Schema montrant d‘abord une rivière dans un environnement naturel, puis deux exemples d’artificialisation : le premier est l‘ajout d’un pont routier ayant une emprise sur les berges de la rivière et le second montrant le tracé de la rivière devenu une ligne droite et une route construite juste à côté, les berges étant maintenant tout à fait artificielles.

Les conséquences de la dégradation d‘un cours d’eau

Un cours d’eau dégradé porte des conséquences sur l’ensemble d’un bassin versant (territoire drainé par un cours d’eau) et ce à plusieurs niveaux :

  • Perte de biodiversité
  • Perte d’habitats fauniques
  • Eutrophisation des lacs
  • Érosion des berges
  • Transport de sédiments
  • Diminution de la qualité de l’eau
  • Ruptures des continuités écologiques
  • Perte de services écologiques
  • Perte d’usages pour la population (baignade, pêche, observation)
  • Destruction d’infrastructures
  • Entretien des infrastructures plus récurrent
  • Irrigation de surface impactée
  • Hausse du nombre et de l’intensité des sécheresses et des inondations
  • Augmentation des débits de pointe
  • Augmentation du ruissellement
  • Transport de polluants et de particules fines
  • Recharge des nappes phréatiques affaiblie (approvisionnement en eau potable)

Des photographies qui témoignent de la dégradation des cours d’eau

Érosion et apport sédimentaire

La construction et la présence de chemins forestiers et de traverses de cours d’eau entrainent un apport de sédiments provenant du sol mis à nu. La qualité des habitats fauniques est alors dégradée : perte de connectivité, passage du poisson obstrué, diminution de la qualité de l’eau ou encore disparition de zones de reproduction (frayères).

Érosion et apport sédimentaire dans un cours d’eau suite à des travaux forestiers à Saint-Théophile.

Dépôt important de sédiments provenant de l’érosion du chemin adjacent au cours d’eau, Saint-Théophile, 2023.

Berges instables

Lorsque l’espace de liberté d’un cours d’eau est absorbé par le développement de villes ou de zones résidentielles, la stabilité des berges est compromise (entres autres). La qualité de l’eau et la sécurité des personnes peuvent alors être mises en danger.

Berges de rivière instables et érodées, conséquence de l‘enrochement et d’une modification du lit à Tring-Jonction.

Modification du lit de la rivière et problématique de stabilité des berges, Tring-Jonction, 2020.

Altération du lit

L’agriculture intensive peut entraîner une dégradation des sols, réduisant leur capacité à retenir l’eau. Lors de pluies,
l’eau qui ruisselle des parcelles agricoles emporte des sédiments vers les cours d’eau, participant à l’altération de leur lit.
La linéarisation accélère quant à elle le débit et le pouvoir érosif du cours d’eau, entrainant là aussi une sédimentation accrue.

Vue aérienne d’une rivière au tracé en ligne droite, la rivière Arnold à Piopolis, montrant une altération de son lit naturel.

La rivière Arnold linéarisée, Piopolis, 2021.

Quelles solutions face à un cours d’eau dégradé?

Lorsqu’un cours d’eau est dégradé et que son fonctionnement n’est plus “à l’équilibre”, des conséquences peuvent gêner certains usages localement, en aval, mais aussi en amont. Toutefois, dans plusieurs cas, ces conséquences sont réversibles.

En effet, il existe des moyens pour favoriser la remise en état d’un cours d’eau et de son fonctionnement naturel. Ces solutions, plus ou moins lourdes et complexes, visent généralement à restaurer ou à simuler des processus typiques des cours d’eau naturels (ex. recréer des méandres, installer des épis (déflecteurs) ou des blocs pour dynamiser l’écoulement de l’eau, remplacer un ouvrage de traverse défectueux, etc.). Il est important de savoir que chaque cours d’eau est unique, c’est pourquoi les solutions proposées doivent être adaptées aux spécificités du cours d’eau et s’appuyer sur des données précises et un portrait complet de son hydromorphologie.

Le retour des processus naturels peut prendre plusieurs années, mais, à terme, il peut permettre de réduire l’érosion, la sédimentation, les risques d’inondation et de rétablir une bonne qualité d’eau dans un cours d’eau autrefois source de problèmes.

La vidéo ci-dessous montre un exemple de projet de renaturation d’un cours d’eau réalisé en France. En effet, peu d’exemples existent au Québec.