Qualité de l’eau dans le bassin de la Chaudière (2022-2024)| Analyse du COBARIC.
Un regard global sur la santé de nos rivières
La qualité de l’eau est au cœur des préoccupations du COBARIC. Chaque année, des suivis sont réalisés pour mieux comprendre l’état de nos cours d’eau et orienter les actions de protection. À travers cet article, nous vous présentons les constats récents issus du programme provincial Réseau-rivières pour la période 2022-2024.
Dans cette page:
- Un regard global sur la santé de nos rivières
- Comment mesure-t-on la qualité de l’eau?
- L’IQBP, c’est quoi ?
- Tableau récapitulatif des données de qualité bactériologique et physico-chimique des rivières Chaudière, Beaurivage Famine et Noire, suivies par le Réseau-rivières entre 2020 et 2024.
- Quelle est la qualité de l’eau de la rivière Chaudière?
- Que révèlent certaines stations de suivi sur la qualité de l’eau?
- Y a-t-il des signes encourageants malgré les pressions climatiques?
- Mot de la fin: agir ensemble pour l’eau
Comment mesure-t-on la qualité de l’eau?
Pour dresser un portrait représentatif de la qualité de l’eau, le COBARIC prélève des échantillons dans différents milieux agricoles, forestiers et urbains. Ces échantillons sont ensuite envoyés au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) pour analyse. Les résultats obtenus alimentent l’Indice de qualité bactériologique et physicochimique (IQBP), basé sur une moyenne sur trois ans.
En complément à ces analyses, certaines stations font également l’objet de suivis biologiques, comme l’étude des communautés d’insectes qui naissent dans les rivières, pour évaluer plus globalement la santé des cours d’eau. Entre 2022 et 2024, un total de 27 stations ont été suivies dans le bassin versant, en collaboration avec le MELCCFP et d’autres partenaires. Au moment où nous écrivons ces lignes, les résultats de nos derniers suivis ne sont pas encore disponibles.
L’IQBP, c’est quoi ?
L’Indice de la qualité bactériologique et physicochimique (IQBP) est un outil essentiel pour évaluer l’état de santé d’une rivière. Il repose sur l’analyse de 6 paramètres que l’on peut retrouver dans l’eau : le phosphore total, les coliformes fécaux, les matières en suspension, les nitrites-nitrates, l’azote ammoniacal et la chlorophylle a active. Ces données sont combinées pour produire une note sur 100 qui permet de suivre l’évolution de la qualité de l’eau au fil du temps.
Afin de faciliter la lecture et la communication des résultats, l’IQBP se divise en 5 classes de qualité de l’eau :
- 🔵 Très bonne qualité : 80 à 100
- 🟢 Qualité satisfaisante : 60 à 79
- ⚫ Qualité douteuse : 40 à 59
- 🟠 Mauvaise qualité : 20 à 39
- 🔴 Très mauvaise qualité : 0 à 19
Ces classes permettent d’identifier les secteurs à surveiller de près, ceux où il faudrait intervenir et ceux où les efforts de protection donnent des résultats encourageants. Pour consulter la fiche officielle de l’IQBP et comprendre sa méthodologie, consultez la page du gouvernement du Québec sur l’IQBP.
Tableau récapitulatif des données de qualité bactériologique et physico-chimique des rivières Chaudière, Beaurivage Famine et Noire, suivies par le Réseau-rivières entre 2020 et 2024.
Année(s) | Valeur IQBP | Classe de qualité | Classe de qualité |
Rivière Famine, en amont du club de golf à Saint-Georges | 2022-2024 | 80 | Très bonne |
Rivière Chaudière, à Saint-Ludger, au sud-ouest du pont du chemin du Lac Drolet | 2020-2024 | 89 | Très bonne |
Rivière Chaudière, à Notre-Dame-Des-Pins, au pont couvert Perreault | 2020-2022 2021-2023 2022-2024 | 82 82 78 | Très bonne Très bonne Satisfaisante |
Rivière Chaudière, à Scott | 2020-2022 2021-2023 2022-2024 | 85 81 78 | Très bonne Très bonne Satisfaisante |
Rivière Noire, au pont du chemin du Moulin près de Pointe-Sainte-Gilles | 2020-2022 2021-2023 2022-2024 | 12 9 18 | Très mauvaise Très mauvaise Très mauvaise |
Rivière Beaurivage à Saint-Étienne-de-Lauzon (Lévis). | 2020-2022 2021-2023 2022-2024 | 60 58 58 | Satisfaisante Douteuse Douteuse |
Rivière Chaudière, à la prise d’eau de Charny (Lévis) | 2020-2022 2021-2023 2022-2024 | 78 77 74 | Satisfaisante Satisfaisante Satisfaisante |
Rivière Chaudière, à Saint-Romuald, près de l’embouchure | 2020-2022 2021-2023 2022-2024 | 72 72 35 | Satisfaisante Satisfaisante Mauvaise |
Quelle est la qualité de l’eau de la rivière Chaudière?
La carte du bassin versant de la rivière Chaudière montre des contrastes de qualité de l’eau
Pour visualiser l’état des rivières du bassin versant, nous avons produit cette carte à partir des données 2022-2024 du Réseau-rivières. Elle révèle des écarts significatifs à l’intérieur du bassin versant de la rivière Chaudière concernant la qualité de l’eau
Sud ou nord : où l’eau est-elle de meilleure qualité?
Les données montrent une meilleure qualité de l’eau dans le sud du bassin versant, notamment à Lac-Mégantic, Saint-Ludger ou Notre-Dame-des-Pins. Ces zones, peu peuplées et forestières, affichent des résultats très positifs : à Saint-Ludger, par exemple, l’IQBP atteint une moyenne de 89/100 pour la période 2022-2024. En Beauce, la rivière Famine à Saint-Georges atteint aussi un bon score de 80, signe d’une bonne qualité d’eau.
Au nord, dans les secteurs plus urbanisés ou à dominance agricoles, la qualité de l’eau des rivières diminue à travers le temps. À Saint-Romuald, près de l’embouchure de la rivière Chaudière avec le fleuve Saint-Laurent, l’eau se révèle être en moyenne de mauvaise qualité sur la période 2022-2024. l’IQBP a chuté ces dernières années, passant d’une qualité satisfaisante (72/100) en 2020-2022 à une mauvaise qualité (35/100) en 2022-2024.
À Saint-Étienne-de-Lauzon, sur la rivière Beaurivage, l’indice est passé d’une classe de qualité satisfaisante en 2020-2022 à une qualité d’eau douteuse pour la période 2022-2024.
Cette dégradation pourrait s’expliquer par :
- le développement urbain, qui tend à apporter plus de polluants dans l’eau à mesure que les sols absorbent moins bien l’eau de pluie
- la présence de fosses septiques dont l’entretien est inadéquat
Que révèlent certaines stations de suivi sur la qualité de l’eau?
- À Scott, sur la rivière Chaudière, l’IQBP est passé de 85 en 2020 à 78 en 2024. Bien que toujours classée « satisfaisante », cette baisse constante suggère une pression environnementale constante ou non corrigée.
- À la prise d’eau de Charny (Lévis), également sur la rivière Chaudière, une dégradation lente est observée : l’IQBP est passé de 78 en 2020 à 74 en 2024. Cette tendance pourrait être liée à la proximité des zones urbaines et d’infrastructures routières et dont la rivière ne pourrait pas compenser les effets.
- Sur la rivière Noire, au pont du chemin du Moulin près de Pointe-Sainte-Gilles, la qualité est plus préoccupante. L’IQBP demeure sous le seuil de 20/100, une qualité qualifiée de « très mauvaise » depuis 2020. La cause officielle de ces résultats est inconnue, mais l’hypothèse suggère des rejets agricoles ou domestiques non traités, volontaires ou involontaires.
Y a-t-il des signes encourageants malgré les pressions climatiques?
Les changements climatiques ont des répercussions sur les cours d’eau. Ces dernières années, les variations météorologiques modifient les débits des cours d’eau, avec des épisodes de pluies plus intenses qu’à l’habitude, mais également des périodes d’étiages plus sévères dans le bassin versant de la rivière Chaudière. La variation des débits d’eau influence alors l’apport et la concentration des polluants dans l’eau.
Grâce aux efforts collectifs déployés dans le bassin versant, comme l’adoption de meilleures pratiques d’exploitation, l’amélioration des infrastructures municipales ou la réduction de la pression sur certains milieux, plusieurs stations du Réseau-rivières réussissent à maintenir une qualité d’eau stable, malgré les défis posés par les changements climatiques.
C’est le cas, par exemple, de la station de Notre-Dame-des-Pins, où la rivière Chaudière affiche un IQBP stable entre 78 et 82, et ce malgré une légère baisse.
Le COBARIC assure ce suivi continu pour distinguer les tendances durables des variations temporaires, et orienter les actions à poser dans un contexte climatique instable.
Mot de la fin : agir ensemble pour l’eau
En conclusion, la qualité de l’eau dans le bassin versant de la Chaudière varie d’un secteur à l’autre. Pour améliorer la situation, la collaboration entre citoyens, municipalités, producteurs et instances régionales est essentielle. Les données 2022-2024 rappellent que des efforts sont encore nécessaires pour préserver la qualité de la rivière Chaudière et de ses affluents.
Des actions concrètes peuvent faire une différence : mise aux normes et entretien des installations septiques, adoption de bonnes pratiques agricoles et forestières, modernisation des infrastructures de traitement des eaux usées.
Le COBARIC compte bien poursuivre son rôle de veille, d’accompagnement et de sensibilisation pour que l’eau reste une richesse collective. Pour découvrir nos projets en cours et nos outils éducatifs, visitez la section : Qualité de l’eau sur le site web du COBARIC.