Les milieux humides et hydriques sur le bassin de la rivière Chaudière
Saviez-vous que les milieux humides occupent près de 10 % du territoire québécois? Aujourd’hui, on vous propose de découvrir les milieux humides et hydriques, leurs caractéristiques et leur intérêt pour l’environnement. C’est aussi, bien sûr, l’occasion idéale pour vous présenter quelques photographies de milieux humides et hydriques sur lesquels le COBARIC a travaillé ces dernières années !
Qu‘est-ce qu’un milieu humide?
Il existe plusieurs types de milieux humides, leur caractéristique commune étant la présence d’eau, de façon temporaire ou permanente. Le sol d’un milieu humide peut ainsi être qualifié d’hydromorphe : son apparence et sa chimie sont influencés par l’eau.
On peut aussi reconnaître un milieu humide aux végétaux qui y poussent et notamment à la présence de plantes dites hygrophiles (comme les myriophylles, la stellaire des sources, le nénuphar…), des espèces qui aiment avoir les pieds dans l’eau! En effet, ces végétaux ont évolué pour supporter un sol riche en eau, voire capable de survivre dans un environnement temporairement immergé.
Ainsi, dans la famille des milieux humides, on retrouve :
- Les tourbières : elles se caractérisent par une accumulation de matières organiques en décomposition (tourbe) au sol, d’une épaisseur de 30 centimètres ou plus. On peut distinguer les tourbières ombrotrophes (bog), dont l’alimentation en eau provient des précipitations, des tourbières minérotrophes (fen), qui puisent aussi dans les eaux de drainage d’un bassin versant.
- Les marécages : leur sol se compose de matières minérales, et on y observe principalement des arbres et des arbustes.
- Les marais : comme les marécages, le sol des marais est d’origine minérale. Cependant, les arbres et arbustes y occupent moins d’espace (moins de 25 %).
- Les étangs : c’est une étendue d’eau dont la profondeur peut descendre à moins de 2 mètres en été, ce qui la différencie des lacs.
Bon à savoir !
Un milieu humide, peut être naturel ou bien avoir une origine anthropique (façonné, « construit » par l’humain).
Différencier les différents types de milieux humides n’est pas toujours chose facile, il faut un œil aiguisé pour les reconnaître. Pour ce faire, rien de plus efficace que la pratique : nous ne pouvons que vous encourager à prendre des balades près de chez vous et à essayer d’identifier les milieux que vous croisez en chemin. Plusieurs guides existent sur Internet, comme le guide Comprendre les milieux humides et hydriques du Bureau d’écologie appliquée, qui pourront vous aider à faire la différence entre un marais et un étang, par exemple.
Et parce que des images sont souvent plus efficaces que des mots, on vous présente quelques sites observables sur le territoire du bassin versant de la rivière Chaudière. Ça donne envie de sortir les voir en vrai, non?
Qu‘est-ce qu’un milieu hydrique?
Les milieux hydriques correspondent aux lacs et cours d’eau. Comme les milieux humides, les milieux hydriques peuvent être naturels ou être le résultat de l’activité humaine.
Sur le territoire, on peut venir observer les principaux cours d’eau tributaires de la rivière Chaudière, qui sont : la rivière du Loup, la rivière Famine, le Bras Saint Victor et la rivière Beaurivage. Et puis bien sûr, il y a le lac Mégantic, une étendue d’eau de près de 27 km2, où la Chaudière prend sa source.
Bon à savoir !
S’ils véhiculent de l’eau la majorité de l’année, certains cours d’eau peuvent souffrir d’une sécheresse saisonnière. Dans ce cas, on dit que leur débit (écoulement de l’eau) est intermittent.
Des milieux interconnectés?
Parce que l’eau est une matière en mouvement, les milieux humides et hydriques sont interconnectés. En effet, un milieu humide peut être directement connecté à un milieu hydrique (on parle alors de milieu humide riverain).
On parle aussi de complexe de milieux humides quand plusieurs milieux humides de natures différentes se retrouvent connectés (un marécage connecté à une tourbière par exemple)!
Un troisième cas de figure se présente, que l’on appelle les milieux humides isolés. En effet, on utilise cette expression lorsqu’il n’est pas possible d’établir un lien avec un autre type de milieu. On peut toutefois imaginer que les milieux humides isolés (qui ne sont pas connectés directement à un cours d’eau) peuvent être connectés via un réseau d’eaux souterraines. De fait, ce n’est pas parce qu’on ne voit pas toutes les connexions qu’il n’en existe aucune! Au Québec, les connaissances concernant les eaux souterraines sont encore relativement restreintes, ce qui laisse la place à cette théorie…
Les milieux humides et hydriques, des sites d’intérêt vitaux pour notre avenir
Pourtant, ces milieux regorgent de vie : mammifères, oiseaux, poissons, insectes, plantes, arbres, arbustes, champignons… le développement de ces espèces permet de réguler certains phénomènes liés à l’eau et à l’écosystème, des rôles que l’on appelle aussi « services écologiques », dont voici un aperçu.
Les caractéristiques techniques des sols en milieux humides ont aussi leur importance. En effet, certains peuvent par exemple se gorger d’eau et l’évacuer graduellement, un peu comme une éponge! Un « super-pouvoir » qui participe à la régulation des débits de pointe dans les cours d’eau, et qui peut s’avérer salvateur lors d’épisodes de fortes précipitations ou de sécheresse…
Les végétaux présents en milieux humides et hydriques ont aussi leur rôle à jouer, puisqu’ils absorbent certains nutriments comme le phosphore et l’azote, deux composants chimiques qui sont les principales sources de désagréments dans nos lacs!
Les milieux hydriques et humides sont également des habitats privilégiés pour les mammifères, oiseaux, reptiles et insectes, lors de périodes spécifiques comme la reproduction ou la migration. Ces milieux sont donc favorables au développement faunique. Ils abritent aussi des espèces fauniques ou floristiques devenues rares!
Les milieux humides et hydriques, terrains privilégiés pour nos activités récréatives et l‘exploitation d’énergies renouvelables
En tant qu’espaces naturels, les milieux hydriques et humides marquent le territoire en nous offrant des paysages grandioses, et en font des lieux propices aux activités de plaisance comme le canoë, l’aviron, la baignade, la promenade, l’observation d’espèces, la chasse ou encore la pêche.
Certains sites peuvent être exploités pour les ressources qu’ils ont à offrir (tourbières notamment). Les cours d’eau et les lacs représentent quant à eux des sources d’approvisionnement en eau potable, et des installations comme les barrages permettent de produire de l’électricité.
Vous l’aurez compris, les milieux humides et hydriques présentent bien des intérêts, sans lesquels nos vies d’humains se trouveraient complètement bouleversées!
Les milieux humides encore méconnus au Québec
À l’exception des basses terres du fleuve Saint-Laurent, la cartographie des milieux humides au Québec reste une cartographie de milieux humides potentiels. Selon les types de sol et de végétation, on est capable de dire si un espace présente les caractéristiques d’un milieu humide ou non. Ce sont toutefois des interprétations réalisées à partir de photographies et de données : il faut encore se rendre sur le terrain pour confirmer l’information. Un travail de longue haleine que de parcourir de long en large le territoire et vérifier ce type d’information, d’autant plus qu’un milieu humide peut s’assécher (7-8 ans) ou se créer (3 à 5 ans).
Le manque d’informations peut, en partie, s’expliquer par l’histoire. En effet, depuis longtemps, les milieux humides souffrent d’une mauvaise image. Dans les esprits, ils sont associés à des endroits où rien ne peut pousser, aux mauvaises odeurs, ou encore aux espèces « indésirables », comme les moustiques. C’est pourquoi beaucoup ont disparu (et, encore aujourd’hui, disparaissent) au profit de l’activité humaine : modifier la nature du milieu pour qu’il soit plus plaisant pour la pratique de nos activités ou pour construire des infrastructures.
Il en est de même concernant les cours d’eau, dont les plus petits ruisseaux, au débit parfois intermittent, qui ne sont pas tous répertoriés tant ils sont nombreux! Par ailleurs, le COBARIC a travaillé à adapter la méthodologie de classification des données issues du LiDAR, une technologie qui permet de détecter et classer les cours d’eau selon leur écoulement, au contexte géographique du bassin versant de la rivière Chaudière. *insérer lien page projet* Un projet qui permettra à l’avenir d’en savoir plus sur les milieux hydriques qui composent le territoire!