Avez-vous déjà entendu parler du nerprun bourdaine? Sauriez-vous le reconnaître? Depuis plusieurs années, cette plante exotique envahissante fait partie des campagnes de sensibilisation, aux côtés d’autres envahisseurs d’importance au Québec, comme la renouée du Japon, la berce du Caucase, le myriophylle à épis et le nerprun cathartique. L’équipe du COBARIC est allée sur le terrain, accompagnée par un employé de l’Agence de mise en valeur des forêts privées des Appalaches (AMVAP).
Notre objectif : mieux comprendre la dynamique de cet arbuste qui représente un danger pour la biodiversité et l’économie en milieux forestier et agricole.
Qu’est-ce qu’une espèce exotique envahissante?
Une espèce exotique envahissante (EEE) est un végétal, un animal ou un micro-organisme qui est introduit hors de son aire de répartition naturelle. Son établissement et sa propagation peuvent constituer une menace pour l’environnement, l’économie ou la société. En effet, certaines espèces peuvent représenter un danger pour la santé humaine, et/ou affecter la biodiversité des milieux naturels.
C’est quoi, le nerprun bourdaine?
Le nerprun bourdaine est un arbuste exotique envahissant originaire d’Eurasie. Pouvant dépasser 10 pieds de haut (plus de 3 m), il pousse d’environ 1 mètre par an, ce qui lui donne un avantage considérable sur les autres espèces qui partagent son milieu. En effet, s’il croît plus vite que les autres, cela signifie qu’il dépense plus d’énergie et de nutriments puisés dans le sol et qu’il n’en laisse pas assez pour que les autres espèces puissent se développer.
Le nerprun bourdaine possède des feuilles alternes, non dentées, luisantes, avec 6 à 10 nervures bien définies de chaque côté de la nervure centrale. Sur les jeunes arbustes, l’écorce est de couleur rougeâtre et présente de petites lignes blanches bien caractéristiques.
Une particularité du nerprun bourdaine est qu’il peut fleurir plusieurs fois par année, entre les mois de mai et juin. Les fleurs produisent ensuite de petits fruits qui deviennent noirs quand ils sont mûrs. Un arbuste peut porter jusqu’à 1800 fruits, qui contiennent chacun 2 à 3 graines! Les risques de propagation de cette plante sont donc très élevés.
Une plante dangereuse pour la biodiversité québécoise
Le nerprun bourdaine, une menace pour l’économie forestière
Le nerprun bourdaine se plaît dans les milieux forestiers : il va croître tant sous couvert qu’en milieu ouvert. Cet arbuste peut en effet s’épanouir en milieu ombragé, même s’il sera plus vigoureux en pleine lumière. Par ailleurs, moins il y a de lumière disponible, plus le nerprun bourdaine va développer de grandes feuilles et, de manière générale, la présence de cet arbuste diminue fortement la lumière disponible pour les autres espèces d’arbres et de végétaux.
Suite aux coupes forestières, le nerprun va profiter des ouvertures pour s’installer et former des colonies denses, comme on l’observe chez le framboisier par exemple. Cette envahissement va nuire à l’établissement et à la croissance de la régénération des espèces ligneuses commerciales comme le bouleau jaune (Betula alleghaniensis), l’épinette rouge (Picea rubens), l’érable à sucre (Acer saccharum), l’érable rouge (Acer rubrum) ou encore le sapin baumier (Abies balsamea).
…et aussi pour la production agricole
Le nerprun bourdaine peut aussi s’installer dans les boisés en milieu agricole et engendrer une perte de rendement. En effet, cette plante est hôte du puceron du soya, un indésirable de cette culture.
La situation du nerprun bourdaine sur le territoire
A l’heure actuelle, nous avons connaissance d’un seul lieu où la présence du nerprun bourdaine est avérée, dans la municipalité de Saint-Sylvestre (MRC de Lotbinière).
Sa présence a également été signalée tout proche, aux limites du bassin versant de la rivière Chaudière, soit dans la municipalité de Saint-Damien-de-Buckland (MRC des Appalaches), ainsi qu’aux portes de la MRC du Granit (Coaticook).
Comment s’en débarrasser?
Il n’existe à ce jour pas de méthode d’éradication qui permette d’affirmer que l’on peut se débarrasser définitivement d’une colonie de nerprun.
Toute action portée sur le nerprun bourdaine doit préférablement faire l’objet d’un suivi serré et les efforts d’éradication maintenus sur plusieurs années. En effet, sachant qu’un plant coupé peut produire des rejets de souche (autrement dit, se multiplier en faisant pousser plusieurs tiges simultanément à l’endroit ou le précédent arbuste a été coupé), la situation peut rapidement devenir incontrôlable.
Plantes exotiques envahissantes : suivre, contrôler, éradiquer
Si la zone de gestion est effectivement exempte de nerprun bourdaine, faisons en sorte que cette situation perdure! En effet, dans la lutte aux espèces exotiques envahissantes, il vaut mieux prendre les devants de son ennemi et lui couper l’herbe sous le pied avant que ce dernier n’attaque! Autrement dit, il est préférable pour tous de s’informer (et se former) de manière à pouvoir reconnaître les espèces exotiques envahissantes comme le nerprun bourdaine et signaler leur présence aux plus proches autorités.
Quoi faire en cas de présence de nerprun bourdaine?
Généralement, il faut rapporter votre observation à la municipalité. Celle-ci pourra ensuite en informer les organismes compétents.